samedi 23 octobre 2010

Tu lis quoi toi ? du 19 octobre 2010

Mardi 19 octobre, nous nous sommes retrouvées, Chrystelle et moi, au Grimaud.

Elle m’a parlé de Firmin : Autobiographie d’un grignoteur de livres, de Sam Savage. C’est le premier roman d’un sexagénaire américain. Il nous raconte la vie de Firmin, une souris qui voit le jour dans les années 60 dans la cave d’une librairie en faillite de Boston. Elle y creuse son nid à coup de mâchoires dans Finnegans Wake, un livre bien épais.. Mais le quartier est à l’abandon et Firmin à force de dévorer des livres finit par imaginer et se rêve en James Joyce voire Fred Astaire pour mieux affronter la crise sociale et urbaine de son quartier.
Une lecture que Chrystelle ne recommande pas aux adolescents tant les références littéraires sont nombreuses. Cependant, elles n’empêchent pas la compréhension de l’histoire.
Chrystelle a trouvé ce roman amusant, où elle semble y avoir retrouvé son âme d’enfant, elle a beaucoup aimé les illustrations.

Ensuite, Chrystelle a évoqué la lecture du roman de Gérard Mordillat, Notre part des ténèbres.
Un 31 décembre, le Nausicaa, paquebot de luxe emmène à son bord actionnaires, chefs d’entreprises, Ministre de l’Intérieur français, journalistes et "peoples" payés pour la cause.
Au mouillage dans le port du Havre, on y célèbre la troisième année consécutive de bénéficies records d’un fond spéculatif : l’International Investment Fund. Champagne, caviar, bal masqué et feu d’artifice, tout y est.
Une poignée d’hommes et de femmes, dont l’usine, proie de la FII, a été vendue et délocalisée en Inde, s’organise. Aux commandes du paquebot, ils regagnent les eaux internationales et mettent cap au large..
« Nous sommes tous sur le même bateau », chacun va pouvoir apprécier la justesse de ces propos.
Gary et les autres veulent de Mondial Laser contraindre ceux qui dirigent à connaître le froid, les vagues déferlantes, la solitude et l’abandon.. 
Dès lors, les situations vont s’inverser. Ceux condamnés à la précarité, à l’angoisse du lendemain vont devenir seuls maîtres à bord. La peur au ventre change de côté.
Gérard Mordillat attire notre attention sur le nouvel ordre mondial géré par l’argent. Il met en scène chacun des êtres vivants avec une grandeur d’âme et il le fait bien car il est avant tout un cinéaste. Un livre passionnant sur le courage et la solidarité.
Quel sera le bouquet final ?
Chrystelle semble avoir été particulièrement touchée par l’engagement, la beauté de cœur des principaux acteurs, mais aussi par la construction de l’ouvrage. Comme les clichés d’un cinéaste où les dialogues sont nombreux.

Elle nous parlera volontiers lors de sa prochaine visite de Donna Tartt, auteure de Le maître de l’illusion ou folies et décadences sont nombreuses dans ce campus universitaire, un véritable cauchemar où elle ne sait où ce livre va l’emmener..
Mais peut-être aussi du Complexe d’Icare, d’Erica Jong, où Isadora, psychanalysée par plusieurs fois quittera son mari pour son amant, incapable de faire corps avec le féminisme qu’elle défend. Un livre parsemé de flash back sexuels au langage un peu cru il faut bien le dire..

Quant à moi, je ne fus pas gourmande en cette fois. J’ai présenté à Chrystelle l'Enquête, de Philippe Claudel paru aux Editions Stock. J’ai aimé et je souhaite vous faire partager cette belle surprise.
C’est ici, une fable, certes un peu sombre. Au départ, nous avons une enquête qui est supposée lever le voile sur le suicide de 23 employés d’une entreprise. Une entreprise aux forces surpuissantes, représentative et caricaturale baignée dans notre société évolutive, avec ses excès, son indifférence voire son mépris à l’égard de ses employés. Attention, ce livre n’est pas un livre sur l’entreprise. Bien sûr, elle occupe une place démesurée puisqu’elle agit dans tous les secteurs d’activités, une entreprise qui vous rend fou, toujours plus fou..
De situations rocambolesques en absurdité, les salariés ne s’y résument que par leur fonction.
On peut s'interroger sur la raison d’une existence, la déshumanisation de l’entreprise, les angoisses liées au travail, où l’étrange et l’absurde y font bon ménage.
Nous voilà pris au piège d’une fiction frôlant sans cesse le réel sur fond d’atmosphère inquiétante.
Je vous invite vivement à marcher vers cette folie J. Philippe Claudel sort de son registre, vous serez de toute façon décontenancé(e ) ;). Quand à vous dire si je l’ai aimé.. oui j’ai aimé sa modernité.

Compte-rendu écrit par Béatrice

2 commentaires:

  1. Beaucoup aimé l'Enquête de Claudel,
    une sorte d'allégorie absurde de l'entreprise moderne.

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  2. une liste de lecture très intéressante sur fond actuel de crise sociale et économique avec Mordillat dont on reparle beaucoup en ce moment avec son roman série TV Les Vivants et les morts.Et je suis content que Firmin trouve une nouvelle fan dans son club :)

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